Pré-requis.
Votre réseau privé est déjà installé, les postes disposent de leur
adresse IP et ont un nom de machine. Le réseau est testé et tout fonctionne.
(On supposera que les clients sont sous WIndows, toutes versions confondues. Si ce n'est pas le
cas, il vous faudra "traduire"). Nous supposerons que le modem est
utilisé avec une connexion Ethernet. C'est aussi possible d'utiliser USB, mais
plus compliqué, surtout sur Linux, à cause des difficultés à trouver les
drivers du modem.
Installation.
Il va falloir deux interfaces réseaux:
 | L'une pour vous connecter à l'Internet via le modem |
 | L'autre pour vous connecter à votre réseau privé. (N'oublions pas
que nous sommes en présence de deux réseaux distincts et que nous
voulons faire une passerelle entre les deux).
Note pour les bricoleurs :
Un bricolage sordide permet de tout faire avec une seule interface,
Linux permettant de faire du "multihosting", c'est à dire
permettant d'attribuer deux IP différentes à la même interface.
Amusant, mais pas très utile. |
L'interface dédiée au modem doit impérativement être une RJ45. Nous
l'installerons en dernier.
L'interface dédiée au réseau local peut être de type coaxial, c'est
plus simple à câbler s'il n'y a pas trop de postes.
Attention, il y a un danger, ce type de câblage fait que s'il y a une
coupure de la liaison, tout le réseau est en panne. (Pensez à terminer
le câble par des bouchons 50 Ohms à chaque extrémité).
Autre problème, le RG58 ne fonctionne qu'en 10 Mb/s. Ce n'est pas gènant
pour Internet, ça peut l'être pour votre réseau local.
Vous avez bien entendu la possibilité de câbler votre réseau local
avec un HUB et du câble type 5 (paires torsadées sur connecteur RJ45).
Ce câblage est garanti pour 100Mb/s
Pour plus de détails sur les réseaux, voyez le chapitre
qui leur est dédié |
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Note de l'auteur...
Je vous conseille, dans la mesure du possible, de ne pas choisir deux cartes du même type (Il en existe
de type "combo" qui disposent des deux prises, BNC et RG58). Non pas
que ça ne marche pas, mais vous aurez peut-être des problèmes de
configuration et vous aurez sûrement des problèmes pour les identifier. Ceci
dit, on peut y arriver quand même.
Pensez également que le plug and play n'est pas très copain avec LINUX. Si
vous utilisez des cartes au format ISA, trouvez des cartes configurables par soft, avec la possibilité d'inhiber les
fonctions plug and play. D'une manière générale, choisissez de préférence
des cartes qui soient compatibles NE2000.
Avec des cartes au format PCI, vous aurez sans doute beaucoup moins de
problèmes.
Configuration Ethernet.
C'est là que les choses peuvent se compliquer... N'essayez pas, à moins que
vous ne maîtrisiez parfaitement les fichiers de configuration de LINUX et son
fonctionnement, (mais
dans ce cas, vous risquez de ne rien apprendre ici), d'installer les deux cartes
en même temps... Mieux vaut procéder par étapes et vérifier le bon
fonctionnement de chacune d'elles avant de passer à la suivante.
1° carte: vers le réseau local.
Vous devez évidemment être connecté en "root".
Je vous donne une méthode graphique avec netconf (les puristes n'aiment
pas, mais c'est tellement plus facile à faire). Sous X, vous démarrez netconf et vous cliquez sur "Nom
de la machine et périphériques réseaux IP".
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Commençons, puisqu'on y est par le nom de la machine. Ce nom ne vous sera
utile que sur votre réseau local. Vous choisissez un nom original et vous le
placez dans un domaine "en bois" non moins original, comme donné dans
l'exemple.
Pour l'adaptateur 1 (eth0), qui est connecté à votre réseau privé, il faut l'activer, le configurer en
manuel. Choisissez une adresse IP dans votre réseau, ici 192.168.0.253, fixez
le masque de sous réseau 255.255.255.0.
Dans l'exemple, il s'agit d'une carte combo PCI. Si vous avez installé Linux
avec l'interface déjà en place, elle devrait avoir été détectée par
l'installateur et vous devriez déjà avoir donné les renseignements
nécessaires à sa configuration. Vous pouvez toujours ici ajouter une carte ou
la reconfigurer.
Vous acceptez, vous quittez "netconf". Le programme vous propose
d'activer les changements, faites-le. Si vous êtes curieux de nature, vous
pouvez voir ce qui doit être fait. Ici, normalement, l'opération
importante est le redémarrage du service "Network".
Vérifications.
Vous ouvrez une console:
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Vous tapez "ifconfig eth0" et des choses doivent
s'afficher:
 | eth0: c'est la carte que vous venez d'installer. Si elle n'y est
pas, c'est qu'elle n'est pas activée. |
 | Constatez que l'IP, le masque de sous réseau sont corrects. Vous
voyez également l'adresse MAC (Ethernet HWaddr). Là, vous avez le
moyen d'identifier votre carte si vous en avez plusieurs identiques.
L'adresse MAC est normalement inscrite sur chaque carte, de façon
lisible par l'être humain alphabétisé. |
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Faites maintenant un ping vers l'une quelconque de vos
machines du réseau local. Ca doit passer. |
Elle n'est pas activée?
C'est pas encore grave. tapez la commande: ifup eth0 (ce qui veut dire:
"active l'interface eth0". Si tout se passe bien, vous devez
récupérer la main au bout d'un temps normalement court.
Refaites alors ifconfig. Si eth0 n'apparaît toujours pas, c'est que votre
carte est mal configurée. Vérifiez le module noyau, l'IRQ, les E/S (en
notation hexa à la mode C: 0x310 par exemple) si c'est une carte ISA autre que
de marque 3Com. En effet, le driver 3Com est capable de trouver tout seul ces
informations, même sur une carte qui n'est pas "plug & play".
2° carte, vers le modem.
Bien que ce ne soit pas absolument nécessaire, nous allons tout de même
configurer complètement cette interface. En effet, la plupart des modems,
câble comme ADSL, proposent un mini serveur HTTP qui permet au minimum de
connaître avec plus ou moins de détails l'état du modem. L'exemple donné ici
est fait avec un modem câble Thomson TCM290, utilisé par Câble Wanadoo .
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L'interface utilisée ici est une antique 3Com 509b sur bus
ISA. Vous la configurez de la même manière que la précédente, mais en
choisissant des valeurs adaptées à votre modem.
 | Le TCM290 dispose par défaut de l'IP 192.168.100.1, nous
choisissons par exemple, les valeurs données dans l'illustration. |
 | Le modem ADSL Alcatel Speed Touch Home, quant à lui, propose par
défaut l'adresse 10.0.0.138. Dans ce cas, il faudrait par exemple choisir
une IP=10.0.0.1 et un masque 255.0.0.0 |
|
Acceptez cette configuration. Vous pouvez ensuite faire les mêmes
vérifications que pour eht0, en faisant cette fois-ci un ping sur votre modem.
A ce stade, vous avez vos deux adaptateurs réseau qui sont opérationnels.
Si ça suffit du côté du réseau privé, il va encore falloir faire un effort
du côté du Net. En effet, il reste à configurer PPPoE.
Configuration de PPPoE.
Pour la suite, la lecture préalable du chapitre
dédié à PPPoE est fortement recommandée, mais depuis le temps que je le
dis, vous l'avez certainement fait. Toujours pas ? Nous nous contenterons alors
de "recettes de cuisine", mais tout de même, allez le lire, ce
chapitre...
Assurez-vous d'abord que les paquetages RPM ppp et rp-pppoe
sont installés, ppp est nécessaire à PPPoE. Pour installer et configurer
convenablement votre connexion PPPoE, vous aurez à renseigner les fichiers /etc/ppp/pppoe.conf
et /etc/ppp/chap-secrets.
Rp-pppoe peut fonctionner de deux manières :
 | A la mode d'une connexion RTC, avec une interface graphique pour établir
et fermer la connexion, |
 | A la mode "connexion permanente"; qui est vivement conseillée
ici. Dans ce cas, pas d'interface graphique, mais un démon à charger au
démarrage. |
Pour plus de détails, consultez la
page rp-pppoe dans le chapitre pppoe de ce site. Si ce n'est toujours pas
fait, contentez-vous d'utiliser le script de configuration fourni avec rp-pppoe.
Dans la distribution Mandrake 9, c'est /usr/sbin/pppoe-setup. Répondez aux
questions posées et le script mettra à jour les fichiers de configuration.
Le paquetage rp-pppoe a été conçu initialement pour ADSL. Ca ne l'empêche
absolument pas de fonctionner aussi avec le câble. Ne vous étonnez pas si
toutes les commandes contiennent "ADSL".
Vérifications.
Nous allons ici détailler une procédure de vérification de
l'établissement d'une connexion PPPoE. Peut-être n'en aurez-vous pas besoin,
mais ça peut toujours servir...
 |
Nous supposons que vous avez fait tout ce qu'il faut pour configurer
correctement PPPoE, mais que le démon n'est pas encore chargé. Vérifiez
ça en faisant:
/etc/init.d/adsl status
Vous devez obtenir ce qui est inscrit dans l'illustration.
Eventuellement, faites un :
/etc/init.d/adsl stop
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Vérifiez ensuite votre table des routes. Elle doit être comme
celle-ci. La commande est tout simplement :route
Notez qu'aucune route par défaut n'est définie. |
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Ouvrez, maintenant une nouvelle console, dans laquelle vous allez lire les journaux. Tapez dans cette console :tail -f /var/log/messages
Et retournez dans la première console pour démarrer PPPoE :
/etc/init.d/adsl start.
Vous devez observer quelque chose d'analogue à l'illustration. Notez
que vous avez obtenu :
 | Une IP (dans l'exemple 80.8.128.100), |
 | une passerelle par défaut (80.8.128.1) |
 | deux adresses de DNS. |
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Vous devez maintenant disposer d'une nouvelle interface nommée ppp0.
Vous pouvez le vérifier en faisant :ifconfig ppp0 |
 |
Vérifiez vos routes, une route par défaut doit apparaître, pointant
sur la passerelle du FAI à travers ppp0 (la dernière ligne). Unroute -n
sera peut-être plus lisible.
ppp sait mettre en place une route par défaut, à la condition qu'il
n'y en ait pas déjà une lors de son démarrage. Faites éventuellement
attention à ce détail.
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Vous pouvez de même retrouver à tout moment le DNS principal fourni
par votre FAI, avec le commande :dig
Seules les dernières lignes sont intéressantes ici.
Vous pouvez maintenant renseigner tous vos postes du réseau local, en
ce qui concerne le DNS. |
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Voilà. PPPoE est en place et vous avez un accès au Net. Vous pouvez
vous en assurer en faisant par exemple, un traceroute vers www.grenouille.com traceroute -n www.grenouille.com |
Pour la suite, vous exploiterez le script /etc/init.d/adsl avec SystemV pour
lancer automatiquement votre session PPPoE au démarrage. Mandrake propose
plusieurs solutions graphiques pour maintenir les niveaux de démarrage,
utilisez la solution que vous préférez.
Conclusions.
Résumé de la situation.
Vous disposez maintenant d'une machine qui possède deux connexions
réseaux:
 | L'une: Eth0 sur votre réseau privé, protocole TCP/IP, la pile est configurée
manuellement, en fonction de vos paramètres de réseau, |
 | L'autre peut paraître un peu plus complexe et nous sommes allé tellement
vite qu'il faudrait maintenant faire le point.
 | Eth1 est, comme son nom l'indique, une interface Ethernet. Elle
ne sert à rien d'autre d'important qu'à supporter la connection PPP
over Ethernet vers votre fournisseur d'accès. En aucun cas, la
configuration IP de cette interface n'est utilisée pour accéder à
l'Internet.
Je sais que ce n'est pas facile à comprendre, mais lorsque
vous aurez tout compris de ce qui est dit sur ce site, vous n'aurez plus
de difficultés.
PPPoE, c'est, répétons-le du Point to Point Protocol
over Ethernet, la couche IP que l'on peut y mettre dessus ne sert à
rien pour PPPoE. Elle ne sert ici qu'à une chose : permettre d'accéder
au serveur HTTP situé dans le modem. Si vous n'avez rien à faire de
cette fonctionnalité, vous pouvez vous contenter de définir votre
carte Ethernet, sans lui attribuer d'IP ni de masque de sous réseau et
en décochant la case "Activé", ça n'empêchera absolument
pas PPPoE de fonctionner par dessus. |
 | ppp0, en revanche, est un lien ppp monté par rp-pppoe lorsque la
session est ouverte. Ce lien dispose d'une adresse IP dynamique, fournie
par votre FAI, selon un principe proche de DHCP, mais ce n'est pas DHCP,
c'est un serveur d'accès distant. Tout ça est expliqué en détail
dans le chapitre sur PPPoE
(peut-être l'avez-vous déjà lu ?).
Ce lien ppp0, qui n'existe que lorsqu'une session PPPoE a été ouverte
avec succès, présente donc :
 | Une adresse IP dynamique (renouvelable à chaque session PPPoE,
session qui ne peut dépasser 24h), |
 | un masque de sous-réseau, |
 | une adresse de passerelle par défaut pour les connexions hors du
réseau de votre FAI, |
 | deux adresses de DNS pour la résolution des noms. |
|
|
Mises en garde.
A ce stade, même si votre machine LINUX est connectée aux deux réseaux,
elle ne fonctionnera pas encore en tant que passerelle pour votre réseau
privé. Il faut encore:
 | Mettre en oeuvre le système de "masquerading" sur la machine
LINUX, |
 | vous assurer que tous vos postes du réseau privé sont correctement
configurés :
 | Une IP dans la même classe (192.168.0.0 dans notre exemple), mais
toutes différentes, |
 | un masque de sous réseau convenable, 255.255.255.0 dans l'exemple, |
 | la passerelle par défaut pointant sur votre machine Linux
(192.168.0.253 dans l'exemple), |
 | au moins un DNS, le premier des deux que votre FAI vous propose (voir
plus haut). Attention, le FAI peut être amené à changer de DNS. Votre
machine Linux en sera automatiquement informée, mais pas les clients de
votre réseau. Si vous en restez là, il sera de votre responsabilité
de vérifier périodiquement que le DNS n'a pas changé. D'ailleurs,
vous vous apercevrez vite que quelque chose ne va plus... |
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Tout ce que vous pouvez faire pour l'instant, c'est:
 | Vous connecter à l'Internet depuis votre machine LINUX |
 | Envoyer des pings depuis votre machine LINUX vers :
 | Votre réseau privé (avec les adresses IP, nous n'avons pas mis en
place de résolutions de noms pour le réseau privé), |
 | l'Internet. Ici, le DNS du FAI saura, en principe, résoudre les noms. |
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Ne vous attendez pas à "voir" la machine LINUX dans votre
voisinage réseau Windows! LINUX n'utilise pas NetBIOS. Si vous voulez le faire,
il vous faudra installer SAMBA sur LINUX, qui crée une couche de dialogue avec
NetBIOS, mais ceci est une autre histoire... Si vous voulez le faire et ne savez
pas comment, consultez au moins le SMB HOWTO,
mais ne faites pas tout en même temps :)


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